Dimensions et cultures du Bouddhisme
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 Bouddhisme et Christianisme par Maître Tich Nhat Hanh

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MessageSujet: Bouddhisme et Christianisme par Maître Tich Nhat Hanh   Bouddhisme et Christianisme par Maître Tich Nhat Hanh EmptyDim 7 Fév - 14:42


Dans le Christianisme je pense que la pratique doit être réalisée comme cela.

Au début vous avez une idée de Dieu, de l’âme, de vous-même. L’énergie de la foi vous permet de commencer et de continuer. La foi c’est quelque chose qui est en rapport avec nos notions, nos perceptions et qui se développe, Dieu est d’abord une personne, vous priez Dieu en tant que personne. Non seulement vous priez Jésus en tant que personne mais aussi Dieu le père. Parce que Jésus se réfère à Dieu comme à une personne :

" Mon père qui êtes aux cieux "


" je suis envoyé par mon père qui est aux cieux
et vous pouvez toucher mon père à travers moi "


Dans le Christianisme il est donc très clair que nous devons faire attention en parlant de l’incompréhensibilité de Dieu.

Voici un passage de St Jean Chrysostom sur l’incompréhensibilité de Dieu :
" Déclarons qu’il dépasse tout le pouvoir de la parole humaine, qu’il échappe à la grâce de toute intelligence mortelle. Les Anges ne peuvent le pénétrer, ni les Séraphins le voir en pleine clarté, ni les Chérubins le comprendre entièrement parce qu’il est invisible aux pouvoirs, principes et vertu de toute créature sans exception. Seuls le Fils et le Saint-Esprit peuvent le connaître ".

C’est comme dire que seule la sagesse non discriminative peut connaître le Nirvana.

Voici un passage de St Grégoire de Nysse ( Eglise Orthodoxe ) :

" La nuit désigne la contemplation des choses à la manière de Moïse qui entra dans l’obscurité où Dieu se trouvait. Ce Dieu qui fait de l’obscurité sa cachette. Entourée par la nuit divine, l’âme le cherche dans l’obscurité, elle possède enfin l’amour de celui qu’elle cherche mais l’aimé s’échappe de la grâce de ses pensées".

En observant la pratique du Christianisme à partir de l’expérience d’un bouddhiste nous voyons que Dieu le père doit être l’objet de notre expérience quotidienne. Si le moine chrétien et le laïc ne pratique pas le toucher de Dieu le père dans leur vie de chaque jour, l’image et la notion de Dieu ne suffiront plus pour soutenir sa joie, sa paix et son bonheur.

Dans le Bouddhisme l’essence de la pratique c’est la méditation. Dans le Christianisme, c’est la prière. La prière est au Christianisme ce que la méditation est au Bouddhiste.

Dans le Christianisme le moine ou le laïc doit prier et l’objet de sa prière c’est l’amour. Mais il faut qu’il apprenne à prier de telle façon que l’objet de la prière ne soit plus une image mais que la prière devienne une pratique : toucher Dieu en tant que réalité et non en tant que concept.


Pour moi la force du Christianisme réside dans la prière à Dieu en tant que personne.

C’est très difficile de prier une non-personne. Le chrétien établit une relation interpersonnelle avec Dieu et c’est une chose merveilleuse pour canaliser votre énergie, votre amour. A partir du moment où Dieu cesse d’être une personne vous ne pouvez plus continuer ainsi. Il faut trouver un autre moyen de façon à établir votre relation avec Dieu. Parce que Dieu n’est plus ni une personne ni une non- personne. Vous ne pouvez plus utiliser les notions, les sensations que vous utilisiez avant d’établir une relation avec Dieu.

A mon avis dans le Christianisme il y a eu des efforts répétés pour enlever la frontière entre l’objet et le sujet des relations. Dans le Christianisme plusieurs personnes conçoivent le créateur comme distinct de la créature. Dieu nous a créé comme des créatures de Dieu et il semble qu’une ligne sépare les deux.

Dans le Bouddhisme cette notion de dualisme n’existe pas. Dans le Bouddhisme la dimension historique est parfois appelée lokhadathu. La dimension ultime peut être appelée Dharmadathu. Le monde de lakshana et le monde de Svabhava : noumène et phénomène. Nous pouvons distinguer deux sortes de relations. Dans la relation historique tout dépend de tout le reste et le Bouddha nous a donné les clés de l’impermanence et du non-moi pour que nous puissions voir la relation étroite entre toutes les choses.

Par exemple dans la fleur vous pouvez voir le soleil, les nuages, la terre, tout. Il y a une interpénétration libre entre chaque chose et tout le reste parfois nous l’appelons interpénétration.

Dans le monde des phénomènes tout est votre père ou votre mère. Tout est la manifestation d’un père, d’un fils, d’une fille et de tout le cosmos.
Les vaches, les oiseaux, les fleurs. On ne peut pas dire que Dieu a crée l’homme puis la vache pour que l’homme puisse manger la vache. Ce n’est pas juste parce que la vache est notre sœur, notre mère. On ne peut pas dire que Dieu après avoir créé l’homme a créé les oiseaux, les arbres, les fleurs et toutes sortes d’animaux pour nous nourrir, ce n’est pas juste.


Nous naissons tous du Lokhadathu mais aussi du Dharmadathu et en principe, nous sommes égaux à Jésus, nous sommes son frère et sa sœur. Non seulement nous mais aussi les fleurs, les oiseaux et même les dindes. On pense souvent à la dinde en cette saison et je suis désolé parce que ce n’est pas la meilleure façon de toucher la dimension profonde - : tuer la dinde au moment de Noël.

Pourquoi dit-on que seul " Le Fils et l’Esprit saint connaisse Dieu. "

Et nous ?

Avons-nous la capacité de toucher la dimension ultime ?


La réponse c’est oui, positivement oui. Dans la tradition Bouddhiste vous apprenez que vous êtes un futur Bouddha, que vous avez le potentiel d’un Bouddha. Avec l’énergie de !a Pleine Conscience en vous et sa culture, vous pouvez développer l’énergie de la vue profonde, de la compassion profonde et toucher la dimension ultime tout de suite.

Dans le Christianisme il est pour moi très clair que pas seulement Jésus mais nous tous sommes capables de toucher Dieu, de le voir, de le connaître, d’être Dieu.

Dans l’Eglise Orthodoxe d’Orient il est clairement exprimé que l’on peut devenir saint, c’est à dire un avec Dieu. La façon de vivre la réalité de Dieu, doit être libre de la notion de dualité.

De nombreux théologiens Chrétiens ont cherché à éliminer cette division entre les créatures et le créateur et Paul Tillich cherche à montrer que Dieu est la base ontologique de l’être. A ce moment cette dualité entre Dieu et nous-même est éliminée.

Un Bouddhiste dirait que Dieu et le royaume des cieux sont la dimension ultime et Jésus le Fils est envoyé par le Père de la même façon que nous sommes envoyés par la dimension ultime, le Nirvana étant la base de notre être. Nous pouvons toucher la réalité du Nirvana à tout moment.

Le Saint-Esprit est conçu par de nombreux Chrétiens comme l’énergie envoyée par Dieu. C’est cette énergie qui crée Jésus le Fils. Il est facile de comprendre que seul le Fils et Esprit saint peuvent connaître Dieu.
Parce que cette énergie a le pouvoir de balayer la discrimination, i’ignorance, l’oubli de façon que nous puissions toucher la dimension ultime. Si le Fils est le Fils c’est parce que le Saint-Esprit l’habite. Il est descendu en lui sous la forme d’une colombe.


Lorsque nous voulons toucher la dimension ultime de la fleur nous devons être là. Nous devons concentrer notre attention sur ce qui est et toucher la dimension historique de la fleur profondément. A ce moment nous touchons sa dimension ultime. Nous n’avons pas besoin de rejeter la dimension historique pour toucher la dimension ultime. C’est la différence de vue sur Dieu qu’il y a entre Bouddhistes et Chrétiens.

Si vous rejetez les vagues il n’y aura pas d’eau. Pour toucher la vague il n’est pas nécessaire de toucher la notion de la vague mais il suffit de toucher la vague en elle-même. De la même façon vous pouvez toucher seulement la notion de fleur mais il est aussi possible de toucher la réalité de la fleur. Si vous êtes libéré de notions vous pouvez toucher la fleur profondément et à ce moment vous touchez la dimension ultime de la fleur.

C’est merveilleux de savoir que le non-moi, l’impermanence sont des clés; permettent de débloquer la réalité. C’est pourquoi avec la pleine conscience vous touchez tout ce qui vous entoure, vous vous touchez vous-même et en vous touchant profondément vous vous débarrassez des notions de moi, de non-moi, de permanence, d’impermanence. A ce moment les choses se révèlent à vous de façon profonde et vous touchez la dimension ultime.

Le Saint-Esprit est décrit comme l’énergie envoyée par Dieu le Père et vous faites l’expérience de cette énergie lorsque vous rencontrez le Fils.

Cette énergie, nous pouvons la reconnaître lorsqu’elle est présente, elle a le pouvoir d’illuminer, de montrer la voie, de guérir. Lorsqu’elle est là vous êtes capable d’aimer, de comprendre, de guérir. Parce qu’elle était là en Jésus il était capable de comprendre des choses que personne ne pouvait voir, d’aimer ce que vous ne pouvez pas aimer, de guérir ce que vous ne pouvez pas guérir.

En vivant profondément votre vie vous découvrez que chaque fois que l’énergie du Saint-Esprit est dans une autre personne, vous vous rendez compte que cette personne est capable de voir des choses que vous ne pouvez pas voir, d’aimer ceux que vous ne pouvez pas aimer, de guérir ceux que vous ne pouvez pas guérir. Cette personne n’a pas besoin d’être Jésus.

Lorsque ce pouvoir d’aimer, de guérir, de comprendre est là, vous savez que le Saint-Esprit est présent. Dans le Bouddhisme, on l’appelle la Pleine Conscience.

Si elle est présente nous avons la capacité de voir les choses plus profondément, de les comprendre, d’aimer et de guérir plus facilement.

C’est donc plus sûr d’approcher la Trinité par la porte du Saint-Esprit.

Vous et moi pouvons reconnaître cette énergie quand et où elle apparaît.


Ce n’est pas un sermon ou un enseignement du Dharma, c’est une chose que vous pouvez toucher et vous voulez avoir cette énergie. En vivant dans la Sangha nous reconnaissons parfois que cette énergie est faible en nous mais qu’elle est plus présente dans un frère ou une sœur. En regardant ce frère ou cette soeur nous faisons le vœu de cultiver notre patience, notre compréhension.

Nous avons tous cette énergie mais son intensité
est différente en chacun de nous.

Notre pratique de chaque jour cherche à développer, renforcer cette énergie de Pleine Conscience.


Une Eglise, une communauté qui n’est pas habitée par l’Esprit saint est comme morte. C’est pourquoi nous devons cultiver la Pleine Conscience, la compréhension et l’amour pour que la Sangha soit une véritable Sangha qui contienne le Bouddha et le Dharma.

Une Eglise où les gens se haïssent, sont cruels entre eux n’est pas habitée par Esprit Saint. Si vous voulez reconstruire votre Eglise, vous savez comment le faire. Les talents d’organisateur ne permettent pas de reconstruire une Eglise. Il faut reconstruire votre Eglise avec la force du Saint-Esprit. Lorsque les gens se reconnaissent comme des frères et des sœurs, se regardent et se sourient, le Saint-Esprit est présent.

La Pleine Conscience, la compassion sont là et alors l’amour et la compréhension sont là. Le Bouddha est là. Lorsque Esprit saint est là Jésus est là.

Il n’a pas besoin d’être ressuscité pour que vous le sentiez en vous.

Pourquoi attendre un certain jour ?

Pourquoi attendre le Jugement Dernier ?


La foi est un sujet très important, sans foi vous ne pouvez pas vivre et pourtant la foi est vivante. Ce n’est pas un nombre de notions, objets de notre croyance. La foi se développe chaque jour, vous amène joie, paix et force. Elle implique la pratique qui est de vivre ici sa vie de chaque jour.

Dans les cercles chrétiens la pratique c’est de prier. Certains Chrétiens pensent que prier c’est avoir son esprit dans son cœur, d’autres que c’est agir et personne n’est d’accord avec son voisin. Nous approfondirons ces éléments la prochaine fois.

Un enseignement de Maître Thich Nhat Hanh donné à la veille de Noël 2000
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