Dimensions et cultures du Bouddhisme
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 Parabole : le Voleur et le Maître, Bouddhisme Zen et Victor Hugo

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Parabole : le Voleur et le Maître, Bouddhisme Zen et Victor Hugo Empty
MessageSujet: Parabole : le Voleur et le Maître, Bouddhisme Zen et Victor Hugo   Parabole : le Voleur et le Maître, Bouddhisme Zen et Victor Hugo EmptyJeu 10 Mar - 19:17

Je suis frappé par le ressemblance de situation de ces 2 récits. La parabole bouddhiste ci-dessous que j'ai traduite de l'anglais et le fameux passage du roman de Victor Hugo : Les Misérables. Dans les 2 cas des hommes pieux, chacun dans sa tradition et à sa façon transforme un mal en bien et un homme "perdu" en homme "sauvé" pratiquement avec la même méthode, seul le ton diffère. D'un coté un évêque chrétien catholique profondément pieux et qui met en accord sa foi et ses actes et de l'autre un maître zen.

Le voleur et le Maître

Un soir, alors que le maître de Zen Shichiri Kojun récitait des sutras,  un voleur, armé d'une lame aiguisée, pénétra chez lui et exigea « la bourse ou la vie ».

Parfaitement impavide, Shichiri lui répondit, "Ne me distrais pas ! L'argent est dans ce tiroir, sers toi". Et il reprit la récitation de ses sutras. Surpris par cette réaction inhabituelle, le voleur poursuivi néanmoins son forfait. Pendant qu'il se servait, le Maître interrompit sa récitation et l'apostropha : "Ne prends pas tout. Laisse m'en un peu pour payer mes impôts demain".

Le voleur laissa un peu d'argent et se prépara à quitter les lieux. Soudain, juste avant qu'il ne sorte , le maître le réprimanda "Tu as pris mon argent et tu ne me remercies même pas ?! Quel manque de respect !". Cette fois, le voleur fut vraiment ébranlé par une telle impassibilité . Il remercia le maître et prit la fuite. Le voleur raconta plus tard à ses amis que de toute sa vie il n'avait connu pire frayeur.

Quelques jours plus tard, le voleur fut appréhendé et reconnu, entre autres vols, celui dans la maison de Shichiri. Quand on appela le Maître à témoigner , il affirma :  "Non, cet homme ne m'a rien dérobé. Cet argent je le lui ai donné. Il m'a même témoigné sa gratitude."

Le voleur fut à ce point ému qu'il décida de se repentir. Après avoir purgé sa peine de prison, il entra comme disciple auprès du Maître et après un certain nombre d'années, il a atteint l’Éveil.



Les Misérables

Valjean est accueilli par l’évêque et malgré toute l'humanité de celui ci, va tout de même durant la nuit lui volé ses couverts en argent.  

Chaque fois qu’il disait ce mot monsieur, avec sa voix doucement grave et de si bonne compagnie, le visage de l’homme s’illuminait. Monsieur à un forçat, c’est un verre d’eau à un naufragé de la Méduse. L’ignominie a soif de considération.

– Voici, reprit l’évêque, une lampe qui éclaire bien mal.

Madame Magloire comprit, et elle alla chercher sur la cheminée de la chambre à coucher de monseigneur les deux chandeliers d’argent qu’elle posa sur la table tout allumés.

– Monsieur le curé, dit l’homme, vous êtes bon. Vous ne me méprisez pas. Vous me recevez chez vous. Vous allumez vos cierges pour moi. Je ne vous ai pourtant pas caché d’où je viens et que je suis un homme malheureux.

L’évêque, assis près de lui, lui toucha doucement la main.

– Vous pouviez ne pas me dire qui vous étiez. Ce n’est pas ici ma maison, c’est la maison de Jésus-Christ. Cette porte ne demande pas à celui qui entre s’il a un nom, mais s’il a une douleur. Vous souffrez ; vous avez faim et soif ; soyez le bienvenu. Et ne me remerciez pas, ne me dites pas que je vous reçois chez moi. Personne n’est ici chez soi, excepté celui qui a besoin d’un asile. Je vous le dis à vous qui passez, vous êtes ici chez vous plus que moi-même. Tout ce qui est ici est à vous. Qu’ai-je besoin de savoir votre nom ? D’ailleurs, avant que vous me le disiez, vous en avez un que je savais.

L’homme ouvrit des yeux étonnés.

– Vrai ? vous saviez comment je m’appelle ?


– Oui, répondit l’évêque, vous vous appelez mon frère.


– Tenez, monsieur le curé ! s’écria l’homme, j’avais bien faim en entrant ici ; mais vous êtes si bon qu’à présent je ne sais plus ce que j’ai ; cela m’a passé.

L’évêque le regarda et lui dit :

– Vous avez bien souffert ?

– Oh ! la casaque rouge, le boulet au pied, une planche pour dormir, le chaud, le froid, le travail, la chiourme, les coups de bâton ! La double chaîne pour rien. Le cachot pour un mot. Même malade au lit, la chaîne. Les chiens, les chiens sont plus heureux ! Dix-neuf ans ! J’en ai quarante-six. À présent, le passeport jaune ! Voilà.

– Oui, reprit l’évêque, vous sortez d’un lieu de tristesse. Écoutez. Il y aura plus de joie au ciel pour le visage en larmes d’un pécheur repentant que pour la robe blanche de cent justes. Si vous sortez de ce lieu douloureux avec des pensées de haine et de colère contre les hommes, vous êtes digne de pitié ; si vous en sortez avec des pensées  de bienveillance, de douceur et de paix, vous valez mieux qu’aucun de nous.

------

Un brigadier de gendarmerie, qui semblait conduire le groupe, était près de la porte. Il entra et s’avança vers l’évêque en faisant le salut militaire.

– Monseigneur... dit-il.

À ce mot Jean Valjean, qui était morne et semblait abattu, releva la tête d’un air stupéfait.


– Monseigneur ! murmura-t-il. Ce n’est donc pas le curé ?...


– Silence ! dit un gendarme. C’est monseigneur l’évêque.

Cependant monseigneur Bienvenu s’était approché aussi vivement que son grand âge le lui permettait.

– Ah ! vous voilà ! s’écria-t-il en regardant Jean Valjean. Je suis aise de vous voir. Et bien mais ! je vous avais donné les chandeliers aussi, qui sont en argent comme le reste et dont vous pourrez bien avoir deux cents francs. Pourquoi ne les avez-vous pas emportés avec vos couverts ?
Jean Valjean ouvrit les yeux et regarda le vénérable évêque avec une expression qu’aucune langue humaine ne pourrait rendre.


– Monseigneur, dit le brigadier de gendarmerie, ce que cet homme disait était donc vrai ? Nous l’avons rencontré. Il allait comme quelqu’un qui s’en va. Nous l’avons arrêté pour voir. Il avait cette argenterie...

– Et il vous a dit, interrompit l’évêque en souriant, qu’elle lui avait été donnée par un vieux bonhomme de prêtre chez lequel il avait passé la nuit ? Je vois la chose. Et vous l’avez ramené ici ? C’est une méprise.


– Comme cela, reprit le brigadier, nous pouvons le laisser aller ?


– Sans doute, répondit l’évêque.


Les gendarmes lâchèrent Jean Valjean qui recula.


– Est-ce que c’est vrai qu’on me laisse ? dit-il d’une voix presque inarticulée et comme s’il parlait dans le sommeil.


– Oui, on te laisse, tu n’entends donc pas ? dit un gendarme.

– Mon ami, reprit l’évêque, avant de vous en aller, voici vos chandeliers. Prenez-les.

Il alla à la cheminée, prit les deux flambeaux d’argent et les apporta à Jean Valjean. Les deux femmes le regardaient faire sans un mot, sans un geste, sans un regard qui pût déranger l’évêque.
Jean Valjean tremblait de tous ses membres. Il prit les deux chandeliers machinalement et d’un air égaré.


– Maintenant, dit l’évêque, allez en paix. – À propos, quand vous reviendrez, mon ami, il est inutile de passer par le jardin. Vous pourrez toujours entrer et sortir par la porte de la rue. Elle n’est fermée qu’au loquet jour et nuit.


Puis se tournant vers la gendarmerie :


– Messieurs, vous pouvez vous retirer.

Les gendarmes s’éloignèrent.

Jean Valjean était comme un homme qui va s’évanouir.

L’évêque s’approcha de lui, et lui dit à voix basse :

– N’oubliez pas, n’oubliez jamais que vous m’avez promis d’employer cet argent à devenir honnête homme.


Jean Valjean, qui n’avait aucun souvenir d’avoir rien promis, resta interdit. L’évêque avait appuyé sur ces paroles en les prononçant. Il reprit avec une sorte de solennité :


– Jean Valjean, mon frère, vous n’appartenez plus au mal, mais au bien. C’est votre âme que je vous achète ; je la retire aux pensées noires et à l’esprit de perdition, et je la donne à Dieu.
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