Dimensions et cultures du Bouddhisme
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Connaissances et partages concernant le bouddhisme et ses dimensions (spiritualité, histoire, géographie, arts, architecture, langues...).
 
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 Les 6 conciles bouddhistes originaux

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MessageSujet: Les 6 conciles bouddhistes originaux   Les 6 conciles bouddhistes originaux EmptyLun 2 Oct - 15:44


Introduction

Du temps de Bouddha, il était de tradition de mémoriser par cœur les textes importants tels que les textes de loi et les doctrines philosophiques. C’est donc ainsi que la parole de Bouddha fut préservée par les bhikkhu, avant d’être consignée par écrit lors du quatrième concile. Les enseignements de Bouddha sont connus sous le nom de tipiṭaka. Ce terme pali signifie littéralement « les trois paniers ». Ces enseignements sont donc divisés en trois parties :

Le vinaya piṭaka : il contient toutes les règles de conduite que Bouddha a établies pour les moines et les nonnes ainsi que tout ce qui concerne les démarches de la vie monastique.

Le suttaṇta piṭaka : il contient les discours et les dialogues entre Bouddha ou de grands disciples avec d’autres.

L'abhidhamma piṭaka: il comporte l’ensemble des explications détaillées de la réalité. C’est la partie « psychologique » ou « métaphysique de l’enseignement de Bouddha ».

L’enseignement de Bouddha est donc constitué de tous ces discours, explications et règles donnés par Bouddha et tout cela a été mémorisé par les moines au fur et à mesure de ses quarante-cinq années d’enseignement. Cet enseignement a ainsi été préservé de façon exacte en étant transmis d’anciens à disciples par voie orale.
Une partie des bhikkhu qui ont directement entendu Bouddha prêcher étaient arahant. Ils étaient donc par définition libres de toutes impuretés, avaient une compréhension juste du dhamma et étaient ainsi capables de retenir parfaitement la parole du Parfait. Même les bhikkhu qui n’étaient pas encore arahant étaient parvenus à un autre stade et avaient aussi une puissante capacité de mémorisation. Ils étaient alors dignes de sauvegarder la parole de Bouddha.


Le Vénérable Ānandā fut un de ceux-là. Il était extrêmement intelligent et doué d’une remarquable capacité de se rappeler de tout ce qu’il avait entendu. Il était à la fois le cousin et le bras droit de Bouddha, qui l’a choisi lui-même, pour l’accompagner pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie.

Ce sont les efforts de tous ces moines qui ont rendu possible la préservation du dhamma et du vinaya, dans leur état initial, tels que Bouddha les a enseignés. Le tipiṭaka et toute la littérature palie existe en raison de la découverte de Bouddha : La noble voie de la libération, le dhamma. Cette voie permet à tous ceux qui la suivent de mener une vie paisible et heureuse. En effet, de nos jours, nous bénéficions d’une chance extraordinaire d’avoir encore les enseignements authentiques de Bouddha. S’ils sont encore accessibles aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont été transmis à travers les âges par les efforts de bhikkhu consciencieux.

Bouddha avait indiqué à ses disciples que quand il ne serait plus parmi eux, il sera essentiel que le saṃgha ne cesse de s’entraîner à réciter collectivement le dhamma avec grande précision, de telle sorte qu’il demeure toujours tel que lui-même l’a enseigné. Conformément à cette instruction, pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’altération avec la version d’origine, les premiers aînés ont dûment organisé un concile. Le saṃgha s’est alors réuni pour réciter mot pour mot l’intégralité de la parole de Bouddha (l’ensemble de ses discours et des règles monastiques).

L’enseignement que constitue le tipiṭaka, qui n’est autre que l’enseignement de Bouddha dans sa version d’origine, n’a été conservé et connu que par le theravāda, qui signifie en pāḷi « enseignement des anciens ». Lors des six conciles qui ont eu lieu jusqu’à nos jours, cet enseignement a été revu mot à mot dans son intégralité, assurant ainsi la validité de son authenticité. Le premier concile a eu lieu cent jours après le parinibbāna de Bouddha. Cinq autres furent tenus au fil des siècles dont le dernier en date, le sixième, eut lieu à Yangon (Myanmar) entre 1953 et 1956. Lors de ces réunions des membres du saṃgha, la totalité des enseignements du dhamma étaient prononcés d’abord par un aîné de la communauté et ensuite récité de nouveau en cœur par tous les bhikkhu de l’assemblée. Cette revue du tipiṭaka était jugée authentique seulement quand elle avait été approuvée à l’unanimité par les membres du concile.

Détail :

Le premier concile

Le premier concile a été commandité par le roi Ajātasattu. Il a été réuni en 544 avant l’ère chrétienne (100 jours après le parinibbāna de Bouddha) dans la grotte de Sattapaññi, située dans les environs de Rājagaha. Un compte rendu détaillé de cette réunion historique est décrite dans le Cūllavagga du vinaya piṭaka. Selon ce texte, l’incident qui a incité l’aîné Mahā Kassapa à convoquer cette réunion, était des remarques de dépréciation quant au sujet de la discipline stricte de la vie pour des bhikkhu.

En apprenant la disparition de Bouddha, beaucoup de bhikkhu le déploraient et étaient profondément affligés. Cependant, le Vénérable Subhadda, un ancien coiffeur entré tard dans le saṃgha, n’était pas affligé ni déplorait son extinction. En exprimant sa réprobation de se conformer à toutes les règles du vinaya établies par le Parfait, il a déclaré : « Nous voilà bien débarrassés de cette séquestration ! Il était dérangeant lorsqu’il nous disait : « Ceci vous est permis, cela ne vous est pas permis ». Désormais, nous pourrons faire ce qui nous plaît et ne serons pas obligés de faire ce qui ne nous plaît pas. » Cette remarque a profondément inquiété le Vénérable Mahā Kassapa. Il craignait que le dhamma et le vinaya aient pu être altérés et ainsi ne pas survivre si d’autres moines devaient se comporter comme le Vénérable Subhadda, et interpréter le dhamma et les règles du vinaya à leur convenance.

Pour éviter ceci, il a décidé que cet enseignement devait être soigneusement préservé et protégé. Pour ce faire, après avoir obtenu l’approbation du saṃgha, il a réuni un concile de cinq cent arahant. En fait, le Vénérable Ānandā, qui était inclus dans ce groupe de bhikkhu, n’avait pas encore obtenu le stade d’arahant. Il a fait l’expérience qui l’a hissé à ce stade, à l’aube même du premier jour de ce concile, qui s’est tenu lors de la saison des pluies. Étant le bhikkhu le plus ancien du saṃgha à ce moment-là, le Vénérable Mahā Kassapa a présidé le concile.

La première chose que fit Mahā Kassapa était d’interroger le plus grand expert en vinaya du moment, le Vénérable Upāli sur les conditions de la discipline monastique. Ce bhikkhu était bien indiqué pour cette tâche car Bouddha lui avait enseigné lui-même la totalité du vinaya.

Mahā Kassapa l’a d’abord interrogé sur toutes les spécificités de la première règle (pārājika) autant en ce qui concerne l’énoncé détaillé de la règle, les cas où la faute est commise et les cas où elle n’est pas commise. Le Vénérable Upāli a donné les réponses adéquates, et toutes ses remarques ont reçu l’approbation unanime de la présidence du concile. C’est ainsi que le vinaya fut formellement approuvé.

Le Vénérable Mahā Kassapa s’est ensuite tourné vers le Vénérable Ānandā, expert remarquable dans tous les sujets liés au dhamma. Heureusement, à l’aube du premier jour du concile, le Vénérable Ānandā avait atteint l’état d’arahant juste avant de rejoindre les autres membres du concile. Le Vénérable Mahā Kassapa pouvait alors l’interroger longuement avec une totale confiance. Cette interrogation avait notamment pour but de vérifier l’endroit où chaque discours avait été donné pour la première fois et la personne à qui il avait été adressé. Facilité par sa mémoire parfaite de chaque mot prononcé par le Parfait, le Vénérable Ānandā a été en mesure de répondre exactement et ainsi, ces discours reçurent l’approbation unanime du saṃgha.

Le premier concile a permis également de mettre l’accent sur le chapitre des règles dites mineures en précisant officiellement l’obligation de leur observance. Cela a pris sept mois à ces cinq cent bhikkhu pour réciter la totalité du vinaya et du dhamma. Dotés d’une mémoire remarquable, ils ont retenu de tête tout ce qui avait été récité.
Ce concile est connu sous le nom de Pañcasatika, indiquant que cinq cents arahant y ont participé.

Le deuxième concile

Le deuxième concile s’est tenu cent ans après le parinibbāna de Bouddha (en - 444), afin de régler un sérieux conflit à propos de dix points qui avaient été rompus par quelques bhikkhu :

- stocker du sel dans une corne. (Un bhikkhu ne peut garder d’objet en corne, en ivoire, en os ou en nacre)
- manger après midi
- retourner au village pour rechercher de la nourriture après avoir déjà mangé son repas
- faire la cérémonie de l’uposatha avec des bhikkhu demeurant dans la même localité
- mener à bien des actes officiels alors que l’assemblée n’est pas au complet
- suivre une certaine pratique (seulement) parce qu’elle a été faite par son précepteur ou son enseignant
- consommer du lait aigre après le repas de midi. (Le lait est considéré comme un aliment solide car il est nourrissant)
- boire une boisson forte avant qu’elle ait été fermentée. (Et à plus forte raison après)
- utiliser une couverture qui n’est pas de taille appropriée
- utiliser de l’or et de l’argent

Ces méfaits ont causé une polémique importante, car ils étaient considérés comme des contradictions des enseignements originaux de Bouddha. Le Roi Kāṇāsoka était l’organisateur du deuxième concile qui eut lieu à Vesāli.
Un jour, tout en visitant la plantation de Mahāvana à Vesāli, le plus ancien, le Vénérable Yasa, a appris qu’un important groupe de bhikkhu, connu sous le nom de Vajjia, violait la règle interdisant un bhikkhu de recevoir de l’or ou de l’argent. Non seulement ces bhikkhu en recevaient, mais de plus, ils en demandaient ouvertement à leurs dāyakā. Il a immédiatement critiqué leurs comportements, et leur réponse a été de lui offrir une part de leurs gains illégaux dans l’espoir de le gagner à leur cause. Le Vénérable Yasa a toutefois dédaigné leur comportement. Les moines l’ont immédiatement poursuivi en justice à travers une action formelle de « réconciliation », l’accusant d’avoir critiqué leurs dāyakā. Le Vénérable Yasa s’est donc concilié avec les laïcs, tout en leur faisant savoir que les moines de Vijjia avaient commis une faute. Il leur expliqua l’interdiction que Bouddha avait établie, quant au fait de recevoir ou de solliciter de l’or et de l’argent.
Les laïcs ont immédiatement soutenu le Vénérable Yasa et ont déclaré que les bhikkhu de Vajjia étaient des hérétiques. Ils ont également affirmé que le Vénérable Yasa est un vrai bhikkhu, un fils de Sākya, et que tous les autres ne sont pas des bhikkhu, pas des fils de Sākya.


Lorsqu’ils ont pris connaissance de cette conciliation avec les laïcs, sans se repentir, les bhikkhu de Vajjia ont suspendu le Vénérable Yasa sans l’approbation du reste du saṃgha.

Le Vénérable Yasa a toutefois su contourner la censure impropre de ces « faux bhikkhu » en allant rechercher le soutien d’autres bhikkhu, qui ont confirmé la justesse de ses vues orthodoxes sur le vinaya. Soixante moines habitant la forêt de Pāvā et quatre-vingts moines des régions méridionales d’Avanti, qui étaient du même avis, lui ont offert de l’aider à surveiller la corruption du vinaya.

Ensemble, ils ont décidé d’aller à Soreyya pour rencontrer le Vénérable Revata, qui était un noble bhikkhu expert en matière de dhamma et de vinaya. Aussitôt que les bhikkhu de Vajjia ont été mis au courant de ceci, ils ont également recherché le soutien du Vénérable Revata en lui offrant les quatre nécessités (nourriture, robes, logement et médicaments), qu’il a promptement refusées. Ces bhikkhu ont alors recherché à utiliser les mêmes moyens de convaincre le préposé du Vénérable Revata, le Vénérable Uttara.

Au début, lui aussi refusa leur offre avec raison, mais ils arrivèrent adroitement à le persuader d’accepter, en disant que, lorsque Bouddha n’acceptait pas les quatre nécessités qui lui étaient destinées, il était demandé à Ānandā d’accepter, ce qu’il faisait souvent. Uttara a fini par changer d’avis en acceptant les quatre nécessités. Sous l’influence de leurs fortes sollicitations, il a accepté d’aller persuader le Vénérable Revata pour déclarer que les moines de Vajjian disaient réellement la vérité et soutenaient le dhamma. Le Vénérable Revata mis à jour leur ruse et refusa de les soutenir. Il a renvoyé Uttara.

Afin de régler le problème une fois pour toutes, le Vénérable Revata a informé à tous qu’un concile aurait lieu à Vāṇikārāma, pour qu’il pose des questions sur les dix offenses au plus ancien des aînés de ce jour, le thera Sabbjakāmi. Une fois que son avis a été donné, il a été entendu par un comité de huit bhikkhu, qui ont approuvé sa validité par vote. Les huit moines, appelés pour juger le cas, étaient les Vénérables Sabbakāmi, Saṇha, Khujjasobhita et Vāsabhagāmika, venant de l’Est, et les Vénérables Revata, Sambhuta-Sānavāsi, Yasa et Sumana, venant de l’Ouest. Ils ont discuté du sujet en profondeur avec le Vénérable Revata qui posait les questions et le Vénérable Sabbakāmi qui répondait. Après que la discussion ait eu lieu, ces huit bhikkhu ont rejeté ceux de Vajjian et leur verdict a été annoncé à l’assemblée.

Puis, sept cents moines ont récité le dhamma et le vinaya. Cette récitation est connue sous le nom de Sattasati parce que sept cents moines y avaient pris part. Ce concile historique s’appelle également le Yasatthera Sangiti en raison du rôle majeur joué par l’aîné Yasa et de son ardeur pour la préservation du vinaya. Les moines de Vajjian ont catégoriquement refusé la décision du concile. Ils ont alors organisé de leur côté un concile distinct, appelé le Mahāsaṇgiti.

Le troisième concile

Le troisième concile s’est tenu principalement dans le but de débarrasser le saṃgha de la corruption et des faux bhikkhu qui tiennent des vues hérétiques. Ce concile a eu lieu en 309 avant J.C. à Asokārāma, dans le royaume de Paṭaliputta, sous le règne de l’empereur Asoka.

Il a été présidé par le mahāthera Moggaliputta Tissa. Mille bhikkhu y ont participé. La tradition maintient qu’Asoka avait gagné son trône en versant le sang de tous les fils de son père sauf son propre frère, Tissa Kumāra qui est par la suite entré dans le saṃgha et a réalisé l’état d’arahant. Asoka a été couronné à la deux cent dix-huitième année suivant le parinibbāna de Bouddha. Il a d’abord seulement rendu un hommage symbolique au dhamma et au saṃgha et a également supporté des membres d’autres écoles religieuses comme son père avait fait avant lui. Cependant, tout ceci a changé quand il a rencontré le tout jeune mais scrupuleux bhikkhu Nigrodha qui lui a prêché « l’appamāda-vagga ».

Ensuite il a cessé de soutenir d’autres groupes religieux. Son intérêt et sa dévotion envers le dhamma se sont accrus. Il a pris l’habitude d’utiliser son énorme richesse pour édifier des pagodes et a ainsi fait construire jusqu’à quatre-vingt-quatre mille vihāra, tout en supportant largement les bhikkhu pour le reste des quatre nécessités. Son fils Mahinda et sa fille Saṇghamittā ont été admis dans le saṃgha.

Par la suite, sa générosité a fini par poser de sérieux problèmes dans le saṃgha. Cette débordante générosité a attiré beaucoup d’hommes indignes, tenant des vues hérétiques. Ils sont entrés dans le saṃgha en raison des offres coûteuses de l’empereur, autant pour la nourriture, pour les robes, pour le logement et les médicaments. Un grand nombre de ces hommes infidèles et avides, adoptant des vues fausses ont essayé de joindre la communauté mais ont été considérés incapables de porter la robe. En dépit de cela, ils ont saisi l’occasion d’exploiter la générosité de l’empereur pour leurs propres fins. Ils se sont alors vêtus de robes couleur terre et se sont joint à la communauté sans avoir été intégré dans le saṃgha.

En conséquence, le respect des gens pour le saṃgha a rapidement diminué. Lorsque la non-authenticité de ces (faux) bhikkhu a commencée a émerger, certains (véritables) bhikkhu ont fini par refuser de présenter l’uposatha (récitation du pātimokkha) et d’y participer en présence de ces faux bhikkhu hérétiques, au vinaya altéré.

Lorsque l’empereur a été mis au courant, il a cherché à rectifier la situation. Il a envoyé un de ses ministres au près des bhikkhu avec l’ordre de les faire exécuter la procédure. Cependant, l’empereur n’avait donné au ministre aucune indication quant aux moyens devant être employés pour effectuer cet ordre. N’acceptant pas de tenir l’uposatha en compagnie des faux bhikkhu, les autres ont catégoriquement refusé d’obéir.

Désespéré et fâché, le ministre a sorti son épée et commencé a décapiter les bhikkhu les uns après les autres, jusqu’à ce qu’il se retrouve devant le Vénérable Tissa, le frère du roi, qui avait fait son intégration dans la communauté. Brusquement horrifié de son action, le ministre a arrêté net la tuerie et s’est sauvé des lieux. Il a fait un rapport à l’empereur Asoka, qui a été profondément affligé par ces massacres. Ce dernier est alors allé demander conseil auprès du thera Moggaliputta Tissa.

Il a ensuite proposé que les bhikkhu hérétiques soient expulsés de la communauté et qu’un troisième concile soit immédiatement assemblé. Ainsi, c’est lors de la dix-septième année de règne de l’empereur Asoka que le troisième concile s’est tenu. Le thera Moggaliputta Tissa a dirigé les démarches et a choisi mille bhikkhu parmi les soixante mille disponibles pour les traditionnelles récitations du dhamma et du vinaya, qui ont duré pendant neuf mois. L’empereur a lui-même remis en cause les bhikkhu d’un certain nombre de monastères au sujet des enseignements de Bouddha. Ceux qui ont exposé des vues fausses ont été immédiatement expulsés du saṃgha. De cette façon le saṃgha a été purgé de tout hérétique et de tout faux bhikkhu.

Ce concile aura été utile pour d’autres choses également importantes. Le Vénérable Moggaliputta Tissa, afin de réfuter un certain nombre d’hérésies et de s’assurer que l’enseignement du dhamma reste pur, a rassemblé et dirigé un groupe de bhikkhu pendant ce concile, pour la rédaction d’un livre, appelé le « kathāvatthu ». Ce livre se compose de vingt-trois chapitres, il est une compilation de discussions (kathā) et de réfutations des vues hérétiques tenues par les diverses sectes sur des sujets philosophiques. Il s’agit du cinquième des sept livres de l’abhidhamma piṭaka.

Les membres du concile ont également donné une approbation royale à la doctrine de Bouddha, la nommant le Vibhajjavāda, la doctrine de l’analyse. Elle est identique à la doctrine approuvée par le theravāda. Une des plus importantes réalisations de cette assemblée du dhamma, et qui devait porter ses fruits pour les siècles à venir, a été la décision de l’Empereur d’envoyer des moines érudits dans le dhamma et dans le vinaya enseignés par Bouddha, capables de le réciter par cœur dans sa totalité, pour l’enseigner dans neuf pays différents.

Ces moines Dhammadūta ont inclus le Vénérable Majjhantika qui est allé au Kashmir et au Gandhāra. Il a été invité à y enseigner le dhamma et à y établir un saṃgha. Le Vénérable Mahādeva a été envoyé à Mahinsakamandaṇa (actuellement Mysore) et le thera Rakkhita a été acheminé à Vanavāsi (actuellement le nord du Kanara, dans le sud de l’Inde). Le thera Yonaka Dhammarakkhita a été envoyé dans l’Aparantaka supérieur (actuellement le nord du Goudjerate, Kathiawar, Kutch et Sindh). Le thera Mahārakkhita est allé à Yonaka-loka (la terre des lonians, de Bactrians et des Grecs.) Le thera Majjhima est allé à Himavanta (l’endroit touchant l’Himalaya.) Les Vénérables Sona et Uttara ont été envoyés à Suvannabhūmi (actuellement le Myanmar). Le thera Mahinda, le thera Ittiya, le thera Uttiya, le thera Sambala et le thera Bhaddasāla ont été envoyés à Tambapanni (actuellement Sri Lanka).

Les missions de propagation du dhamma de ces bhikkhu ont été une grande réussite. Elles ont porté de grands fruits au fil du temps et ont permis d’ennoblir considérablement les peuples de ces contrées. Le don du dhamma a totalement influencé leurs civilisations et leurs cultures.
Avec la diffusion du dhamma à travers la parole de Bouddha, l’Inde en est venue à être connue comme Visvaguru, l’enseignante du monde.


Le quatrième concile

Le quatrième concile s’est tenu à Tambapanni (à Sri Lanka) en 96 avant J.C. sous le règne du Roi Vaṭṭagāmani. La raison principale de sa mise en place était due au fait qu’il n’était maintenant plus possible à la majorité des bhikkhu de mémoriser entièrement le tipiṭaka, comme cela avait été le cas autrefois par le Vénérable Mahinda et ceux qui l’avaient suivi peu de temps après.

Par conséquent, comme à cette époque, l’art de l’écriture s’était sensiblement développé, il devenait avantageux et nécessaire de coucher par écrit tout le corps des enseignements de Bouddha. Le Roi Vaṭṭagāmani a soutenu l’idée des bhikkhu et un concile a été tenu spécifiquement pour mettre le tipiṭaka en sa totalité par écrit. Ainsi, de sorte que le dhamma puisse être durablement préservé, le Vénérable Mahārakhita et cinq cents bhikkhu ont récité mot à mot la parole de Bouddha, puis les ont écrits sur des feuilles de palme.

Cette entreprise remarquable a eu lieu dans une grotte appelée l’Āloka Lena, située dans la fissure d’un éboulement de terrain antique, près de l’actuelle Matale. Ainsi, le but du concile a été réalisé et la conservation par écrit du dhamma authentique a été assurée. Plus tard, au dix-huitième siècle, le Roi Vijayarājasiha a obtenu des images de Bouddha créées dans cette grotte.

Le cinquième concile

Le cinquième concile a eu lieu à Mandalé, au Myanmar en 1871, sous le règne du Roi Mindon. L’objectif essentiel de cette réunion était la récitation exhaustive de tous les enseignements de Bouddha et de les examiner minutieusement dans le détail, pour voir si l’un d’entre eux aurait été modifié, faussé ou relâché.

Il a été présidé notamment par trois aînés, le mahāthera Jāgarā, le Vénérable Narindābhidhaja, et le mahāthera Sumaṇgalasāmi, en présence d’environ deux mille quatre cents bhikkhu. La récitation de l’ensemble du corps du dhamma a duré cinq mois. Le travail de ce concile a également été de rediscuter du tipiṭaka dans son entier et de l’inscrire pour la postérité sur sept cents vingt-neuf plaques de marbre, en l’écriture birmane, après que la récitation ait été terminée, discutée et approuvée à l’unanimité.

Cette tâche monumentale a été réalisée par environ deux mille quatre cents bhikkhu érudits et beaucoup d’artisans habiles. Ils ont logé chaque plaque ainsi gravée dans une pagode miniature (mini maisonnette de pierre, à la fois pour les protéger et pour les mettre en valeur). Elles ont été installées dans un site, sur les terres du Roi Mindon. Dans le site de Kuthodaw, situé au pied de la colline de Mandalé, se dresse encore de nos jours, ce « plus grand livre du monde ».

Le sixième concile


Le sixième concile s’est tenu dans la grotte de Kaba Aye (construite pour l’occasion), à Yangon, en 1954, quatre-vingt-trois années après que cinquième concile n’ait été tenu à Mandalé. Il a été commandité par le gouvernement birman, mené par l’honorable premier ministre U Nu. Il a autorisé la construction du Mahā Pāsāna Gūhā, la grande grotte, une grotte artificielle très semblable à la grotte de Sattapaññi en Inde, où le premier concile s’était tenu.

Le concile s’est réuni depuis le 17 mai 1954. Comme pour les conciles précédents, son premier objectif était d’affirmer et de préserver l’authenticité du dhamma et du vinaya. Il s’agit du seul concile pour lequel les bhikkhu qui y ont participé (au nombre de deux mille cinq cents), sont venus de huit pays. Ces bhikkhu érudits du theravāda sont venus du Myanmar, du Cambodge, d’Inde, du Laos, du Népal, de Sri Lanka, de Thaïlande et du Viêt-Nam.

Le Vénérable Mahāsī Sayādaw (mahāthera Sobhana) a été nommé à la noble tâche de questionneur sur l’ensemble du corps du dhamma, quant au Vénérable mahāthera Vicittasārā, il a répondu savamment et de manière satisfaisante à chaque question.

Avant ce concile, tous les pays y ayant participé, excepté l’Inde, avaient une version du tipiṭaka pali rédigée dans leurs écritures respectives. La récitation traditionnelle des textes du dhamma a pris deux ans. Le tipiṭaka et sa littérature dans toutes les transcriptions ont été soigneusement examinés. Toutes les versions ont alors été assemblées et leurs différences ont fait l’objet de toutes les corrections nécessaires. Heureusement, on a constaté qu’il n’y avait pas beaucoup de différence dans la teneur de ces textes.

En conclusion, après que le concile les ait officiellement approuvés, tous les volumes du tipiṭaka et leurs commentaires ont été préparés pour être imprimés sur les presses modernes et édités en caractères birmans. Cet accomplissement notable a été rendu possible par le travail remarquable de deux mille cinq cents bhikkhu et de nombreux laïcs. Ce travail s’est terminé en mai 1956, deux millénaires et demi après le parinibbāna de Bouddha. Le travail de ce concile est le seul accomplissement réalisé par les représentants de tout le monde bouddhiste (hormis les écoles divergentes, évidemment). La version du tipiṭaka qu’il s’est engagé à produire a été identifiée en tant qu’authentique, fidèle aux enseignements primitifs du Vénérable Gotama (Bouddha) et comme étant le rendu le mieux fondé de ceux-là jusqu’ici.

Outre la version en caractères birmans, on trouve de nos jours une version de ce tipiṭaka pali en caractères romains, devanagaris, thaï, cingalais, khmères et mongols, de sorte à rendre disponible au plus grand nombre ces textes authentifiés de la parole de Bouddha.



Complément sur le 1er concile :

Le premier concile

Le Vénérable Mahā Kassapa rapporta au saṃgha les paroles du moine Subhada, en expliquant que ce moine se réjouissait de la disparition de Bouddha pour faire comme bon lui semble, sans avoir à se contraindre avec ce qu’il établit. Ensuite, il exposa la pensée qu’il avait eue à ce moment :
« Voilà peu de temps que Bouddha s’est éteint, il y a déjà une menace pour le sāsana au sein du saṃgha. Si d’autres moines tels que ce moine Subhada devaient apparaître, le sāsana disparaîtrait rapidement. Pour éviter un tel désastre, il convient de réunir un concile afin de constituer un canon du vinaya, du suttanta et de l’abhidhamma. Tant que ces trois parties (dites aussi « corbeilles ») seront intactes, subsistera le sāsana. Quand il y a ces trois volets, c’est comme s’il y avait Bouddha lui-même. Avant que se répandent les enseignements des gens irraisonnés, avant que ne disparaissent ceux des gens raisonnés, avant que ne se répandent les moines irrespectueux du vinaya et ceux qui agissent à l’opposé du dhamma, avant que ne disparaissent les moines respectueux du vinaya et ceux qui agissent dans le sens du dhamma, réunissons un concile !

— Très bien ! Désignez le saṃgha qui y participera ! »

Le Vénérable Mahā Kassapa sélectionna 499 moines – dont il faisait partie –, évitant de choisir le Vénérable Ānandā, qu’il aurait cependant voulu faire participer au concile ; il craignait qu’on lui fasse des reproches, car le cousin de Bouddha n’était que sotāpana. Néanmoins, les autres moines l’enjoignirent de le prendre :

« Vénérable ! Le moine Ānandā connaît la parole de Bouddha mieux que quiconque, sélectionnez-le ! »
Une fois qu’il l’eut pris, le Vénérable Mahā Kassapa réfléchit au lieu où serait organisé le concile, et déclara :
« Au royaume de Rājāgaha, il est facile de collecter la nourriture quotidienne, il y a beaucoup de monastères, et la population est très bien établie dans saddhā (foi et confiance dans le dhamma). Comme cet endroit s’y prête parfaitement, nous y ferons le concile. »
Il réunit le saṃgha, et décréta, à l’aide de la procédure adéquate en accord avec les règles monastiques :
« Vénérables ! À présent, les moines qui vont participer au concile ont été sélectionnés. Que les autres moines ne demeurent pas à Rājāgaha pour passer le vassa ! »

Comme il restait encore quelque temps avant le concile, le Vénérable Ānandā se rendit à Sāvatthi. Lorsque les gens le virent arriver seul, lui qui habituellement ne quitte jamais Bouddha, ils prirent pleinement conscience de la mort du Bienheureux, dont la nouvelle ne leur était que parvenue de la bouche d’un messager. Nombreux furent ceux qui se mirent à sangloter. Le Vénérable Ānandā leur délivra un enseignement, avant d’aller s’isoler pour pleurer, lui aussi. Lorsqu’un deva chargé de surveiller le monastère le vit pleurer, il lui dit :

« Vénérable ! Si vous, qui êtes un sotāpana, vous mettez à pleurer, qu’en sera-t-il des puthujana ? Cessez donc de vous laisser aller ! »
Honteux, le Vénérable Ānandā finit par se ressaisir. Peu avant le vassa, il se rendit à Rājāgaha. À la pleine lune de juillet, le Vénérable Mahā Kassapa réunit les cinq cents moines qu’il avait sélectionnés pour le concile. Dès que le roi Ajātasatu en fut averti, il demanda :
« Que puis-je faire pour vous aider ?
— Nous avons besoin d’un grand abri sous lequel nous réunir. »
Le lieu précis du concile fut choisi devant une grotte nommée Sattipaṇṇi. Dès lors, débuta la construction d’un maṇḍapa dont le roi inspecta lui-même le bon déroulement du chantier. Peu de temps après, le jour de pleine lune du mois d’août de l’an 148 de la Grande ère, fut inauguré le concile, qui serait le tout premier.

À la veille de l’inauguration, le Vénérable Ānandā était le seul à n’être pas encore arahant. Pour l’inciter à le devenir vite, des moines disaient, sans s’adresser à lui, mais cependant à voix haute pour qu’il entende :
« Certains se promènent dans les parages avec tous leurs kilesā, encore ! »
Un autre, plus direct, s’adressa à lui :
« Ānandā ! Demain va commencer le concile. Vous êtes encore sotāpana. Efforcez-vous à réduire les kilesā qui vous restent ! »
Le Vénérable Ānandā décida alors de s’efforcer ardemment au satipaṭṭhāna (établissement dans la vision directe de la réalité). Alternant les assises et les marches, il s’entraîna toute la journée à l’observation attentive des phénomènes physiques et mentaux. Quand le soleil se coucha, il se demanda pourquoi il ne parvenait toujours pas au stade d’arahant, alors que Bouddha lui-même lui précisa qu’il était près d’y parvenir, en raison de ses fortes pāramī. Il ne relâcha toutefois pas ses efforts. Une fois le milieu de la nuit passé, lorsque la fatigue commençait à se faire fortement ressentir, il éprouva le besoin d’aller se reposer. Parvenant devant sa couche, bien qu’il fut épuisé, il observa la posture debout, ainsi que tous les mouvements de la procédure d’abaissement et d’allongement du corps. Alors qu’il était en train d’observer attentivement le mouvement du corps qui s’étendait sur la couche, avant même que sa tête et ses pieds n’entrèrent en contact avec la couche, il réalisa successivement les stades de sakadāgāmi, d’anāgāmi et d’arahant. Il devint par la même occasion, le seul être à avoir atteint le stade d’arahant en dehors des quatre postures — en marche, debout, assise et allongée.

Quand il prenait son repas du matin (l’habituelle bouillie de riz), tous les autres moines étaient déjà réunis sous l’abri, prêts à commencer le concile ; ils n’attendaient que lui. Certains remarquèrent la place non encore occupée :
« Cette place est à qui ?
— C’est la place du Vénérable Ānandā.
— Où est-il ? »

Juste à ce moment-là, de dessous terre, apparut le Vénérable Ānandā, à l’endroit exact de sa place, le teint clair, l’apparence majestueuse, et le visage lumineux. Tout le monde comprit donc qu’il était devenu arahant. Heureux, tous s’écrièrent « sādhu ! sādhu ! sādhu ! »

Lors de ce concile, le Vénérable Mahā Kassapa posa les questions pour les trois corbeilles (l’intégralité de l’enseignement de Bouddha). Pour le vinaya, ce fut le Vénérable Upāli qui répondait. Pour le suttanta et pour l’abhidhamma, ce fut le Vénérable Ānandā qui répondait. Chaque fois qu’une corbeille était achevée, les cinq cents moines la récitaient tous en cœur, afin de s’assurer d’être parfaitement en accord sur sa validité. Le concile dura sept mois, de la pleine lune d’août à celle de mars de l’année 148 de la Grande ère.

Remarque : La plupart des moines étaient capables de mémoriser de tête l’intégralité de la parole de Bouddha. Comme il n’y eut pas le moindre écrit de ce concile, les moines étudièrent le dhamma selon la tradition de l’époque : par voie orale. C’est ainsi que, durant les premiers siècles, tous les enseignements furent transmis de génération en génération. Ce n’est que lors du quatrième concile, en 96 avant J.C., à Tambapanni (actuel Sri Lanka), que le tipiṭaka fut couché par écrit, sur feuilles de palmes. Au cinquième concile, en 1871 et 1872 à Mandalé (Myanmar), il fut gravé sur 729 plaques de marbre (en bonne conservation aujourd’hui encore). Au sixième concile (dernier en date), de 1954 à 1956 à Yangon (Myanmar), il fut imprimé. Depuis, il a bien entendu été informatisé.
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